Publications de Dmitri Nabokov
Les Publications de Dmitri Nabokov
Diplômé de l’Université de Harvard, où il rédige un mémoire (ou B.A Honors Thesis) étudiant l’influence de Shakespeare sur Pouchkine, Dmitri Nabokov fut toute sa vie un ‘passeur’ d’œuvres littéraires, essentiellement celles de son père, bien que sa première traduction, publiée en 1958, portât sur A Hero of our Time de Mikhail Lermontov. Il s’agissait-là d’une ‘collaboration’ avec son père, terme qui par la suite devint une manière codifiée de désigner ce qui en fait était surtout sa propre traduction, relue et corrigée par son père, le nom de ce dernier accolé au sien servant alors de caution. Il en ira ainsi de ses traductions en anglais des romans russes de Vladimir Nabokov : Glory, King, Queen, Knave, Invitation to a Beheading, The Eye, avec un destin plus particulier pour The Gift, dont il ne traduisit que le premier chapitre, avant de passer la main à Michael Scammell, puis à son père, qui révisa le tout. Ce même système de ‘collaboration’ est adopté du vivant de Vladimir Nabokov pour la pièce de théâtre The Waltz Invention ainsi que pour un certain nombre de nouvelles, regroupées dans trois recueils: Details of a Sunset and Other Stories, A Russian Beauty and Other Stories, Tyrants Destroyed and Other Stories.
Suite au décès de son père, Dmitri Nabokov signe en son seul nom des œuvres qu’il choisit lui-même de traduire et publier, notamment la longue nouvelle The Enchanter datant de 1939 mais tardivement redécouverte, qu’il dote d’une préface signée de sa plume et qu’il traduira plus tard en italien. Il remet en valeur d’autres facettes méconnues de Vladimir Nabokov, notamment sa production théâtrale, en traduisant et en éditant The Man from the U.S.S.R. and Other Plays, qu’il accompagne d’un essai, “Nabokov and the Theatre” . On lui doit aussi un bon nombre de trouvailles poétiques publiées à droite et à gauche, notamment le poème russe “Shakespeare” qu’il traduit pour la revue The Nabokovian, en 1988. Avec Matthew J. Bruccoli, il édite une part importante de la correspondance de son père, Selected Letters, 1940-1977. En 1995, il édite un recueil contenant soixante-cinq nouvelles, dont onze, toutes traduites par Nabokov fils, sont publiées pour la première fois. Il contribue également en tant que traducteur au volume Nabokov’s Butterflies (édité par Brian Boyd et Robert Michael Pyle), où sont réunis, de manière très exhaustive, les écrits de Vladimir Nabokov sur les papillons. La révélation qui aura fait le plus de bruit (et sans doute aussi le plus de tort à Dmitri) est celle du dernier roman inachevé de Vladimir Nabokov, The Original of Laura , qu’il publie en 2009.
L’entreprise de traducteur de Dmitri Nabokov ne se restreint pas au champ russo-américain, puisqu’il traduit également du français vers l’anglais l’essai “Pushkin, or the Real and the Plausible” et de l’anglais vers l’italien le roman Transparent Things (Cose Trasparenti). Il laisse derrière lui quelques essais sur son père, “On Revisiting Father’s Room” (Vladimir Nabokov: A Tribute , 1980) “A Few Things That Must Be Said on Behalf of Vladimir Nabokov” (Nabokov’s Fifth Arc, 1982), “Translating with Nabokov” (The Achievements of Vladimir Nabokov, 1984), “Things I Could Have Said” (Cycnos, 1993). Il est par ailleurs l’auteur d’un essai sur la synesthésie, phénomène qu’il partageait avec ses deux parents, dans Wednesday Is Indigo Blue : Discovering the Brain of Synesthesia (avec Richard E. Cytowic et David Eagleman, 2009). Une part d’ombre plane sur certaines contributions publiées sous anonymat, notamment pour la presse soviétique.
L’un des derniers projets auxquels Dmitri Nabokov s’attela, projet cher à son cœur mais qui ne verra le jour qu’après sa disparition, fut une collaboration avec Olga Voronina et Brian Boyd autour des lettres que son père adressa à sa mère.